Bien-être

L’anxiété vous donne parfois l’impression d’être un dégénéré

Par Cyril Renault , le mardi, 4 avril 2017, 9h26 , mis à jour le lundi, 18 janvier 2021, 8h30
dégénéré

Je déteste avoir du mal à parler aux gens.

Je déteste me sentir mal à l’aise dans des situations sociales. Je déteste ne pas me sentir à ma place. Je déteste ressasser mes erreurs, même si elles ne sont pas graves. Depuis combien de temps je pense à la blague que j’ai racontée qui n’a fait rire personne. Depuis combien de temps je pense au message stupide que j’ai envoyé qui n’était pas assez intéressant pour obtenir une réponse. Depuis combien de temps je pense à la façon dont j’ai bégayé quand j’ai parlé à quelqu’un que je voulais impressionner.


Je déteste toutes ces fois où j’annule les plans. Je déteste avoir peur de demander aux gens leur numéro de téléphone ou s’ils sont libres pour sortir. Je déteste la façon dont je reste toujours à l’écart alors que tout le monde s’amuse.

Je déteste devenir jaloux des autres personnes. Des gens qui peuvent engager une conversation avec tout le monde, partout. Des gens qui sont meilleurs amis avec mes amis, même si je les connais depuis plus longtemps. Des gens qui n’ont pas de problème pour  répondre au téléphone ou bavarder avec un caissier.

Je déteste le nombre de fois où j’ai détesté les gens de ne pas comprendre mon anxiété. 

Les enseignants qui continuaient à m’appeler pendant les cours, même s’ils voyaient combien j’avais du mal à parler. Mes « amis » qui m’embarrassaient dans les groupes en me demandant pourquoi j’étais si calme. Les étrangers qui tentent d’engager une conversation avec moi dans les ascenseurs et les bus, puis qui semblent déçus quand je ne fais que sourire et hocher la tête.


Je déteste à quel point je parais stupide quand on me met sous le feu des projecteurs et que je ne comprends pas ce qu’il faut dire. Je déteste paraître grossier quand quelqu’un essaie de me parler et qu’il est trop difficile pour moi de répondre.

Je déteste m’inquiéter des événements à venir trop à l’avance.

Me rendre physiquement malade de penser à une fête ou un voyage ou un rendez – vous chez le coiffeur. Je déteste être terrifié alors que je devrais être excité.


Je déteste passer mon temps à attendre. À attendre que quelqu’un m’envoie un message en premier, pour prouver que je compte. À attendre que mon anxiété diminue, pour pouvoir quitter la maison.

Je déteste rater des opportunités.

Ne pas aller à un concert que je voulais vraiment voir, parce que j’ai trop peur d’y aller seul. Ne pas acheter le hamburger que je voulais, parce que j’ai trop peur d’aller au drive. Ne pas aller à une fête, parce que j’ai peur de me ridiculiser.

L'abus narcissique

Je déteste m’excuser pour dissimuler mon anxiété. Dire aux gens que je ne me sens pas bien ou que j’ai mal dormi, pour qu’ils arrêtent de se demander pourquoi j’ai l’air asocial. Je déteste vivre un mensonge.


Je déteste mes mains qui tremblent. 

Je déteste la force de mes maux de ventre. Je déteste la façon dont mes maux de tête deviennent insupportables. Je déteste que mon anxiété me contrôle mentalement et physiquement.


Je déteste devoir me rappeler que je déteste mon anxiété , pas moi . 


Mais parfois, il est difficile de faire la différence entre les deux.

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Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

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Commentaires

Le mercredi, 5 avril 2017, 11h48 à 11h48, Clau a dit :


J'ai attaqué le problème par le traitement de ma timidité : j'ai écouté des conseils de développement personnel... Lorsque je m'étais perdue, je ne pouvais pas demander mon chemin, alors je faisais demi-tour, même si c'était pour quelque chose d'important comme un entretien d'embauche... Je n'allais pas au rendez-vous. Oui, je me détestais pour toutes ces opportunités que je ratais... J'ai bien suivi le programme de développement personnel : "au lieu de demander à votre boulanger votre baguette de pain, essayez de préciser ce que vous voulez". J'ai demandé une baguette "moulée, pas trop cuite"... J'ai vu que tout le monde trouvait ça normal... J'ai continué en finissant par parler, même du temps qu'il faisait, à mon buraliste : toujours normal... pour tout le monde. J'ai élargi, élargi... Des années plus tard, j'avais à lire un texte à l'église lors d'un mariage : je me suis aidée de mon texte (c'était sur l'amour), mais surtout, ce texte qui m'inspirait m'a donné envie "d'y mettre le ton", j'ai envoyé tout ce que je ressentais... A la fin, le prêtre qui officiait s'est frayé un chemin dans la foule, me cherchant... Et il m'a serré la main en me disant qu'il avait vraiment apprécié ma prestation ! Je n'ai plus peur de prendre la parole, même pour poser des questions.. Je crois vraiment que j'ai réussi mon passage de "timide-anxieuse" à quelqu'un de plus extravertie, sans excès (je reste observatrice), et qui, maintenant, attire les gens, ceux qui cherchent quelqu'un d'intéressant, pas forcément bavard, mais avec du discernement.


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