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Aux Pays-bas et au Royaume-Uni, l’éducation sexuelle dès la maternelle

Par Cyril Renault , le dimanche, 5 juillet 2015, 10h24 , mis à jour le mercredi, 11 mars 2020, 18h23 — éducation
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Aux Pays-bas et au Royaume-Uni, l’éducation sexuelle dès la maternelle

Après deux ans de discutions, le gouvernement britannique s’est décidé à inscrire au programme scolaire l’éducation sexuelle et l’étude des relations humaines.

A compter de la rentrée 2011, les enfants âgés de 5 à 16 ans (âge légal de la majorité sexuelle au Royaume-Uni) découvriront cette nouvelle matière, a annoncé, jeudi 5 novembre, Ed Balls, le ministre de l’éducation.


Londres entend ainsi lutter contre le taux de grossesse particulièrement élevé des adolescentes.

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En la matière, a calculé l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE), le Royaume-Uni arrive en quatrième position, derrière le Mexique, la Turquie et les Etats-Unis. Tous les ans, près de 40 000 jeunes filles de moins de 18 ans sont enceintes. En 2007, dernière année pour laquelle les statistiques sont connues, on a compté 4 376 avortements chez les moins de 16 ans, 10 % de plus qu’en 2006.

Dans ce contexte, les Britanniques se sont inspirés du pays européen qui a le plus faible taux de grossesse parmi ses adolescentes, mais aussi le moins de maladies sexuellement transmissibles (MST) chez ses jeunes et un des taux d’avortement les plus bas : les Pays-Bas.


Comme leurs camarades néerlandais, les petits Britanniques apprendront dorénavant en primaire à nommer toutes les parties de leur corps, y compris les plus intimes. Ils se pencheront aussi, avec leur maîtresse, sur la nature des liens qui les unissent à leurs parents ainsi qu’aux différents membres de leur famille. Avant de parler puberté, émotions, mariage, divorce, pacs…

Dans le secondaire, les adolescents anglais aborderont vraiment le sujet. La sexualité, la reproduction, la contraception, la grossesse, les MST, n’auront plus de secrets pour eux. Il leur faudra aussi réfléchir, avec leurs professeurs, à ce qu’est une relation stable, aux effets des ruptures, aux différences entre les gens. Sans oublier une partie pratique qui leur permettra de savoir où trouver des informations dont ils pourraient avoir besoin. L’idée, a expliqué M. Balls, c’est de leur apprendre « à naviguer dans la complexité de la vie moderne ».

OPPOSITION RELIGIEUSE

Jusqu’ici, l’éducation sexuelle était laissée au libre arbitre des écoles, et les élèves n’étaient en aucun cas obligés de s’y intéresser. Dorénavant, tous les établissements scolaires seront tenus de l’enseigner. Cela dit, Downing Street n’est pas allé au bout de la logique : les cours ne seront obligatoires que pour les plus de 15 ans, les autres pourront s’en dispenser. Certaines associations de parents d’élèves voyaient d’un mauvais oeil l’étude de cette matière à l’école et ont milité pour qu’elle soit facultative. Mais c’est des principaux mouvements religieux catholiques et musulmans qu’est venue l’opposition la plus forte.


Un tiers des écoles anglaises sont des faith school, parfois privées, souvent publiques, dont l’enseignement religieux est quelquefois peu compatible avec ce nouveau programme. « Vous pouvez vanter le mariage. Apprendre à vos élèves qu’il ne faut pas avoir de relations sexuelles en dehors de ce lien, leur a expliqué Ed Balls, mais vous ne pouvez pas priver les jeunes d’information sur la contraception » et l’avortement.

Virginie Malingre (Londres, correspondante)


Recommandations européennes sur l’éducation sexuelle : selon les experts, l’éducation sexuelle devrait commencer dès la naissance

Aujourd’hui, le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe a publié les premières recommandations détaillées en vue d’aider les décideurs de la santé publique à élaborer des programmes appropriés d’éducation sexuelle.


Le document a été lancé lors de la réunion européenne de l’OMS sur les défis à l’amélioration de la santé sexuelle, organisée à Madrid (Espagne) sous l’égide du ministère de la Santé et de la Politique sociale. Les recommandations ont été formulées par un groupe de 20 experts en provenance de 9 pays d’Europe sous la direction du Centre fédéral pour l’éducation à la santé (BZgA) de Cologne (Allemagne) et du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe. Elles contiennent des instructions par étape ainsi qu’une matrice détaillée devant aider les professionnels de la santé et de l’enseignement à fournir aux enfants des informations exactes sur la sexualité, sous une forme qui tienne compte de leur sensibilité.


Le docteur Gunta Lazdane, conseillère régionale pour la santé sexuelle et génésique au Bureau régional, qui a coordonné la rédaction de ce document, déclare :

« La particularité de ces nouvelles recommandations, au-delà du thème abordé, c’est qu’elles insistent sur la nécessité de commencer l’éducation sexuelle dès la naissance. Elles expliquent également les compétences spécifiques que les enfants et les jeunes doivent acquérir, ainsi que les comportements à promouvoir à des périodes déterminées de l’existence. »

En général, les programmes actuels mettent largement l’accent sur les aspects biologiques. « Or, ce n’est pas suffisant. Nous avons besoin d’une nouvelle approche en matière d’éducation sexuelle. Et c’est le thème de ces recommandations. Celles-ci placent les faits dans le contexte plus large des valeurs, des connaissances ou des aptitudes utiles dans la vie, de sorte que les aspects en rapport avec la santé soient compris de la manière la plus générale possible », ajoute le docteur Lazdane.

Les nouvelles recommandations s’inspirent d’une interprétation positive de la sexualité, comme partie intégrante de la santé physique et mentale. Des thématiques telles que le VIH/sida, les grossesses non désirées et la violence sexuelle sont inscrites dans des programmes pédagogiques globaux qui se concentrent sur l’autodétermination des individus et leur responsabilité envers eux-mêmes et autrui.


L’orientation unilatérale et la piètre qualité de l’éducation sexuelle sont souvent tenues responsables des défis grandissants en matière de santé sexuelle, tels que l’augmentation des grossesses adolescentes, la hausse des taux d’infections sexuellement transmissibles et la violence sexuelle en général. L’un des principaux objectifs de ces nouvelles recommandations est d’aider à améliorer la santé sexuelle en général.

Elles doivent aussi réagir aux nombreux défis posés par les énormes différences existant entre les pays d’Europe en termes de qualité sur cette éducation dans le cadre scolaire. Actuellement, un tiers des pays de la Région européenne de l’OMS n’ont pas mis en place des programmes sur cette éducation à l’école. Dans certains pays, les jeunes ne reçoivent pas d’éducation sexuelle avant l’âge de 14-18 ans.


Les auteurs font néanmoins remarquer avec importance que les recommandations fixent uniquement des objectifs à réaliser. Il ne s’agit donc que de la première étape du processus. En effet, comme l’explique le docteur Lazdane, « l’étape suivante consistera à élaborer la méthodologie ».


Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Dr Gunta Lazdane
Conseillère régionale, Santé sexuelle et génésique
Bureau régional de l’OMS pour l’Europe
Scherfigsvej 8
2100 Copenhague Ø, Danemark
Tél. : +45 39 17 14 26
Courriel : gla@euro.who.int

Mme Liuba Negru
Chargée de communication
Bureau régional de l’OMS pour l’Europe
Scherfigsvej 8
2100 Copenhague Ø, Danemark
Tél. : +45 39 17 13 44 ; portable : +45 20 45 92 74
Courriel : lne@euro.who.int

Source: LE MONDE et //www.euro.who.int/fr/media-centre/sections/press-releases/2010/10/new-european-guidelines-on-sexuality-education-experts-say-sexuality-education-should-start-from-birth

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Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

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Commentaires

Le jeudi, 14 juillet 2016, 13h32 à 13h32, katia_BF a dit :


Je trouve tres bien. Si en France on avait une information correcte, on aurait bien moins d'IVG chez les mineures, et aussi bien moins de problemes d'IST. Ca ne choque sans doute pas grand monde, mais je considere que le retour de certains IST chez les mineurs en France et l'augmentation de 10 % d'infection IST chez les mineurs sur 2015 est un fait plutot inquiétant !
Deplus tout cela doit s'accompagner d'information objectives, et completes, pour que chacun ET chacune puisse faire son choix ! Je vois encore trop de personnes dire apr exemple que les DIU sont des systeme abortifs alors que c'est FAUX et encore plus FAUX que FAUX !.

Enfin, complétant régulierement des informations sur la contraception sur des forums pour adolescents, je suis régulierement choqué non pas par les questions des jeunes, mais par certains commentaires. Une jeune fille de 15 ans décrit un viol avec une pénétrationd es doigts de son copain dans son vagin sans son consentement. Elle explique qu'elle a dit non, mais qu'il l'a menacé d'aller plus loin si elle ne se laissait pas faire. Et dans la quainzaine de personne qui répond, il y en a deux qui trouvent que c'est bien fait pour elle, parce qu'elle n'avait qu'a pas dormir dans la meme piece que son copain, une bonne douzaine qui explique que ben oui, ce garcon a 16 ans, qu'il a des envies, des hormones que c'est normal, que c'est pas grave, qu'il faut en parler, le comprendre, et puis ben faire un effort pour le satisfaire, sinon il ira se satisfaire ailleurs, et nous n'avons été que 2, que 2 a dire que c'était un viol ! Et quand nous avons prononcé ce mot la douzaine s'est jeté sur nous pour dire que nous exagérions...
Quelle sorte de société peut produire une information sur la sexualité, la contraception et autre pour que le consentement des parties soit une relique pré-moyennageuse ??

Donc oui, oui, et encore oui pour ces initiatives ! Et Oui pour le travail du planing familial qui est formé a des interventions de ce type des le plus jeune age en France mais qui ne peut pas en faire tant que ca !


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