Relations

Désormais, voici de quelle façon nous abordons nos relations

Par Magali Caille , le jeudi, 1 octobre 2015, 12h18 , mis à jour le lundi, 6 juillet 2020, 14h43 — psychologie

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Maintenant, voici comment nous avons tendance à aborder nos relations

Aujourd’hui, nous ne nous engageons plus dans nos relations. Nous trouvons cela inutile. On nous a toujours un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s, mais cela n’a jamais été plus vrai que maintenant, avec tous ces OkCupid, Tinder, Grindr, Dattch, et compagnie.

De la même manière que nous pouvons commander chez le Chinois du coin, nous pouvons désormais commander un être humain.



Désormais, nos relations sont une combinaison parfaite d’emojis.

Nous pensons qu’envoyer un texto pour dire “bonjour !”, c’est un effort considérable. Nous pensons que le romantisme est mort, ce qui est peut-être le cas… ou peut-être devrions-nous le réinventer. Peut-être que, de nos jours, le romantisme, c’est décrocher suffisamment longtemps de son téléphone pour se regarder dans les yeux pendant le dîner. Peut-être que c’est effacer Tinder de son téléphone après un premier rendez-vous formidable. Peut-être que le romantisme est toujours vivant, mais que nous ne savons plus à quoi il ressemble.

Lorsque nous faisons notre choix (si tant est que nous nous engagions), nous restons distants, à évaluer froidement les options. Nous voulons la superbe tranche de filet mignon, mais nous sommes trop occupés à passer en revue l’intégralité d’un buffet médiocre, simplement parce qu’il est disponible. Simplement parce que nous avons le choix. Nos choix nous tuent. Nous pensons qu’avoir le choix est important. Qu’avoir tant d’opportunités est bénéfique. Que plus nous avons de chances dans nos relations, mieux c’est.

Mais en vérité, cela ne fait que diluer le tout.

Nous ne comprenons même pas ce que cela fait d’être satisfait dans nos relations. Nous sommes constamment prêts à partir, car là-dehors, il y a toutes ces possibilités qui nous attendent. Nous ne voyons pas ceux qui sont là, ne demandant qu’à être aimés, car personne ne demande plus à être aimé. Nous espérons que ce que nous recherchons désespérément existe toujours. Et pourtant, nous cherchons constamment une nouvelle dose de surprise, d’excitation, de gratification immédiate.


Nous nous rassurons, et nous nous distrayons, et si nous ne sommes même pas capables de faire face à nos démons intérieurs, comment pourrait-on nous demander de faire un effort, et d’aimer quelqu’un qui rend cet amour difficile ? Nous fuyons. Nous partons. Contrairement aux générations précédentes, nous avons accès à un monde immense. Nous pouvons ouvrir un nouvel onglet, admirer des photos du Portugal, sortir une Visa, et acheter un billet d’avion. Nous ne le faisons pas, mais nous le pouvons. L’important est de savoir que nous pouvons le faire, même si nous n’en avons pas forcément les moyens.Il existe toujours une infinité d’autres options fascinantes.



Aller sur Instagram pour admirer la vie des autres, celle que nous pourrions avoir. Voir les endroits où nous pourrions aller. Voir les vies que nous ne vivons pas. Voir les personnes avec qui nous ne sortons pas. Nous nous noyons dans les stimulus de toutes parts, et nous nous étonnons ensuite d’être malheureux. Nous nous étonnons d’être mécontents. Nous nous étonnons que rien ne dure, et que tout semble inutile. Parce que nous ignorons comment voir nos existences pour ce qu’elles sont en réalité, plutôt que pour ce qu’elles ne sont pas.

Et même si nous trouvions l’amour.


Admettons que l’on trouve cette personne qui nous aime et que l’on aime. L’engagement. L’intimité. “Je t’aime”. Nous le disons. Nous le trouvons. Et puis soudain, nous le vivons pour les autres. Nous disons que nous sommes en couple sur Facebook. Nous mettons nos photos sur Instagram. Nous devenons un “nous”. Nous semblons parfaits, car ce que nous choisissons de partager n’est que le “best of” de notre relation. Nous ne partageons pas les disputes nocturnes, les yeux rougis, les draps pleins de larmes. Nous ne mettons pas à jour notre statut pour expliquer comment leur amour englobe les zones d’ombre que nous n’aimons pas en nous. Nous ne tweetons pas notre tristesse lorsque nous avons ensemble des discussions capitales pour l’avenir de notre couple. Ce n’est pas ce que nous partageons. Uniquement une image lisse. Un couple heureux. L’amour est parfait.

Et puis nous voyons ces autres couples parfaits, et nous nous comparons.

Nous sommes la génération emoji. La culture du choix. La génération des comparaisons. On se jauge. Ça peut aller. Être le meilleur. Jamais dans notre passé n’avons-nous eu tant de critères sur lesquels baser notre image de “La Meilleure Vie Possible”. Nous recevons des informations de toutes parts, et nous déprimons. Nous ne serons jamais à la hauteur, parce que ce à quoi nous nous comparons n’existe pas. Ces vies n’existent pas. Ces relations n’existent pas. Et pourtant, cela, nous refusons de le croire. Car nous les voyons avec nos propres yeux. Et nous les voulons. Et nous sommes prêts à nous plier en quatre pour les avoir.

Alors nous nous séparons.

Nous nous séparons parce que notre couple n’est pas assez bien, que nos vies ne sont pas assez parfaites, que notre relation n’est pas assez formidable. Nous faisons toujours plus de tri sur Tinder. Nous commandons encore quelqu’un d’autre, comme une pizza. Et le cycle recommence. Emoji. Un texto “bonjour”. L’intimité. Poser le téléphone. Une photo de couple. Un couple heureux et parfait.


Comparaisons. Comparaisons. Comparaisons.


Progressivement, l’arrivée des premiers problèmes et des critiques subtiles. Les disputes. “Ça ne va pas, mais je ne sais pas pourquoi.” “Cette relation ne fonctionne pas.” “J’ai besoin de quelque chose de plus.” Et la séparation. Un autre amour perdu. Une nouvelle poubelle emplie de photos d’un couple heureux.


Nous passons à la suivante.

Nous cherchons toujours ce qui nous échappe. La nouvelle dose. La nouvelle satisfaction. La nouvelle gratification instantanée. Nous vivons notre vie en 140 caractères, en vidéos de 5 secondes, en photos filtrées, en films de quatre minutes, nous papillonnons. Ce n’est rien de plus qu’une illusion.

Nous refusons de nous contenter de peu, tout en nous persuadant que se contenter de peu, c’est une relation qui ne soit pas parfaite, excitante et semblable à ce que nous voyons partout ailleurs. Qu’est-ce que c’est, se contenter de peu ? Nous n’en savons rien, mais nous n’en voulons pas. Si ce n’est pas parfait, c’est se contenter de peu. Si ce n’est pas une passion scintillante, c’est se contenter de peu. Si ce n’est pas digne de Pinterest, c’est se contenter de peu.

Nous réalisons que nos attentes sont illusoires.

Nous voulons être appelés au téléphone. Nous voulons que notre partenaire cesse d’avoir le nez collé à l’écran de son téléphone. Nous voulons ralentir. Nous voulons de la simplicité. Nous voulons une vie indépendante des commentaires, des “+1”, et autres pouces verts. Nous ignorons peut-être que c’est le cas, mais nous le voulons. Nous voulons des liens, des vrais.

Nous voulons un amour qui se construise, sans être mis à la poubelle pour une autre personne. Nous voulons avoir quelqu’un lorsque nous rentrons chez nous. Nous voulons nous éteindre à un âge avancé, en sachant que nous avons vécu pleinement chaque moment de notre existence. Voilà ce que nous voulons, et que nous ignorons vouloir.

Et pourtant, ce n’est pas comme ça que nous abordons aujourd’hui nos relations. Ce n’est pas comme ça qu’aujourd’hui, nous aimons.

Source : (traduit d’un texte original de Jamie Varon)

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Magali Caille

J’ai toujours su que j’écrirais un jour car c’est une de mes passions. J’ai commencé ma vie active avec un apprentissage dans l’hôtellerie et j’ai obtenu mon Cap de serveuse. Je fais encore quelques extras, mais ce qui ne passionne vraiment, ce sont les relations humaines et la psychologie. Mais j’aime aussi beaucoup dessiner et la peinture. Je défends avec ferveur le droit des femmes dans le monde et la place que les femmes devraient occuper.

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