Psychologie et comment mieux gérer ses relations

Je suis devenue « égoïste » et j’ai enfin commencé à vivre

Par Magali Caille , le vendredi, 21 juillet 2017, 11h15 , mis à jour le mercredi, 9 novembre 2022, 6h35

égoïste
Pixabay

Vivre pour soi-même est une phrase qui fait peur à beaucoup de personnes.

Les risques de ce style de vie sont bien connus : le vice, la dépravation et la perte de son identité. Autrement dit, gâcher sa vie… Pourtant, un jour, j’ai réalisé que ma vie ne m’appartenait plus.

Il y avait beaucoup trop de ”Je dois » et très peu de “Je veux”. Mes responsabilités écrasaient mes rêves et je me consolais en cherchant des prétextes et des excuses.


C’est à cet instant précis que j’ai pris la décision de crier  : « Ça suffit ! ». J’en ai eu assez de mettre de côté mon âme et ma vie pour une poubelle à déchets radioactifs. J’en ai eu assez d’expliquer timidement comment j’osais faire passer mes intérêts avant ceux des autres. C’était l’heure de vivre pour moi-même. Choisir le bonheur, et non l’auto-hypnose. Vivre par amour, et non par obligation.

Et c’est comme cela qu’a débuté une année de ma vie, ingrate, asociale, à base d’égoïsme pur et dur. “Pur“ ou plutôt ”réfléchi“, petite nuance qui me permet d’échapper à l’image d’une rebelle ou d’une faiseuse de troubles. En effet, la plupart des gens pensent que la vie se résume à souffrir d’abord, et ensuite, pourquoi pas, à vivre pour soi avec les “restes”. Ils n’y voient là aucun problème.


Mais moi j’ai commencé à vivre au triple galop.

Seule contre tous

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Au début, j’avais un peu peur et je n’étais pas sûre de moi. Il me manquait des arguments idéologiques. Je basais tout sur une vague mais puissante détermination que je faisais les choses comme il le fallait. J’avais le sentiment que je commençais un voyage autour de la planète sur une simple bouée gonflable.

Je ne savais pas si je pourrais me battre contre tout un tas de “devoirs“ ou d’espoirs et de projets lointains. Je ne voulais pas me métamorphoser en marginale et être mise dans la case ”égoïste ». Mais malgré ça, je sentais bien qu’il s’agissait là de la seule voie vers la liberté.


Pour les autres personnes, mon plan était d’une inimaginable insolence. Car je sortais des règles du jeu qui interdisaient la défense d’une vie à soi. J’ai arrêté de m’excuser de mes désirs et de mes plans, de me justifier, de me sentir coupable d’être heureuse, tranquille et d’être la maîtresse de mon temps.

Non aux plaintes

La première chose que j’ai faite, a été de fermer le robinet qui remplissait ma vie de plaintes, de pesants monologues, de gémissements et de discours de haine. Je chéris mes parents, j’adore mes amies, je valorise mes collègues de travail et je respecte mes voisins du troisième âge. Mais cela ne veut pas dire pour autant que leurs infinies confessions à base de “quelle vie horrible“, ”ce sont tous des imbéciles et il n’y a que moi qui m’en rende compte“, “tu imagines que ce crétin a osé me rappeler”, doivent faire partie de ma vie.

J’ai enlevé la pancarte ”Bureau des plaintes, disponible 7 jours 7 24h/24“. Et ce geste est apparu comme un acte de désobéissance sociale. ”Comment? Tu ne souhaites pas entendre les détails de la vie de tes voisins ? Leurs maladies, leur dépression, ou leurs projets de conquérir le monde ? Tu ne souhaites pas écouter le disque rayé de ta meilleure amie à propos de ses peines de coeur (pour la énième fois) ? Méchante sorcière ! On devrait te brûler vive ! »


Petit à petit, mais avec énormément de conviction et de volonté, j’ai commencé à couper court aux plaintes avec ces simples mots :


« Je pense que ce sujet n’est agréable ni pour toi ni pour moi. Pourquoi tu ne me raconterais pas plutôt… ? ».


Je sentais mon coeur arrêter de battre, de peur d’être jugée. Je pensais recevoir des critiques et des offenses. En réalité, j’ai été surprise de me rendre compte que ma capacité à écouter de bonnes choses me permettait à mon tour de pouvoir en parler. C’est comme cela que peu à peu, l’habitude de se plaindre a disparu. En effet, en refusant d’écouter des histoires déprimantes, je n’avais pas non plus envie d’en raconter.

Oui, je suis bien en train de te dire que « non »

femme sage

Vint ensuite la partie la plus compliquée. Commencer à utiliser l’étrange et indigne mot “Non“.

En général, je disais oui à tout. Ma timidité renforcée par la peur d’offenser, me contrôlait complètement. Je me sentais mal de détruire l’image que je m’étais forgée aux yeux des autres. Mais, quand pour la première fois, un ”non » sérieux sortit de ma bouche, je ne pus plus m’arrêter. Mes proches étaient aussi surpris que si j’avais avalé un éléphant entier devant leurs yeux.

Je rêvais toujours de mille et une choses mais je finissais toujours par faire ce que les autres attendaient de moi. Je remplaçais mes collègues de travail, je faisais des allers-retours pour dépanner les autres, je gardais les enfants de mes amies qui allaient faire la fête, j’arrosais les plantes des voisins, je promenais leur chien. L’enfant dévoué peut bien facilement se transformer en esclave professionnel. Mais j’ai dit « non » à cette jolie carrière.


Avec le temps, j’ai appris à séparer la paille et le foin : les requêtes sincères et les simples manipulations de parasites. Un « non » bien senti et utilisé à propos s’est transformé en ma meilleure arme pour ne pas me laisser marcher dessus et ne pas m’oublier.

Nous sommes tous libres!

L’affirmation « personne ne doit rien à personne » est bien jolie mais peu probable dans la vraie vie. Rejeter le rôle de l’éternelle redevance n’a pas été aussi difficile que d’arrêter d’exiger et de violer le droit de respecter la volonté de chacun. Chaque fois que je me rendais compte que je tendais à dominer la vie de quelqu’un, je m’arrêtais sur le champs.


Mes relations aussi restaient pleines de dettes. Elles disparaissaient peu à peu sous les reproches tels que « Moi je te donne tout, mais toi ne me donnes rien ». Les attentes et les exigences peuvent tuer aussi bien l’amour que l’amitié. J’ai résolu ce problème comme je résous les problèmes de maths. J’ai accepté les conditions comme non négociables et suffisantes.


J’ai cessé de demander des petites récompenses pour combler mon égo, et j’ai cessé de me fâcher lorsque mon conjoint ne jouait pas exactement le scénario que j’avais écrit. Un beau jour, le gardien de le paix arriva sur le champ de bataille de nos égos en furie. Nous avons parlé toute la nuit, nous avons bu trois litres de café, et nous avons discuté avec toute la sincérité qui soit. Nous avons alors trouvé un accord : avoir le droit d’être qui nous sommes. C’est ainsi qu’on s’est échappé du scénario du drame éternel sur le chemin de la liberté.

Dorénavant, lorsque je me sens vexée ou offensée car une personne ne m’a pas prêté l’attention que j’attendais, ou qu’elle n’a pas satisfait mes attentes, je me répète comme un robot : « Nous sommes tous libres. »

Des liens, pas des chaînes

Le désir d’être accepté et la peur d’être rejeté sont deux choses bien trompeuses. Durant toute ma vie, je me suis entourée d’amis et de connaissances comme une protection contre le froid de la société. Et très vite, j’ai senti que je ne pouvais plus respirer. Ils m’étouffaient, ils ne me laissaient pas bouger. Et je ne savais pas comment m’en séparer car ils étaient tous très gentils et adorables. Mais un égoïste réfléchi ne se cache pas dans les jupes d’un nombre infini de faux-amis. Quand on me demande “Combien d’amis as-tu sur Facebook?“, sans aucune honte je réponds : ”Deux. »

Sois ton meilleur ami. Deviens une personne intéressante, inspirante et utile. Car en vérité, nous sommes tous seuls. Mais c’est encore pire si tu ne t’appartiens même pas à toi-même.

Espace personnel

Pour dire vrai, en commençant mon année “égocentrique“ j’étais préparée à être seule aussi bien dans la vie réelle que virtuelle. Les soupirs de mépris qui soufflaient sur mon passage : ”égoïste ! » voulaient bien dire que les gens ne me comprenaient pas. Je m’éloignais de plus en plus d’eux, et ma nouvelle vie devenait bien plus déserte et spacieuse. Cependant, la nature, elle, elle n’aime pas le vide. Très rapidement, elle s’est remplie de sujets et de personnes avec qui j’ai commencé à partager avec grand plaisir ma nouvelle essence, que j’ai eu tellement de mal à revendiquer.

Tout ce temps que je ne passe plus dans des obligations inutiles et des relations parasites, je l’offre à des personnes qui en ont vraiment besoin. Il ne s’agit en rien d’une oeuvre de charité. C’est aussi de l’égoïsme. Car je le fais d’abord pour moi et pour mon âme. Je soupçonne qu’un égoïste réfléchi devient par la suite un humaniste éclairé. Moi je ne suis qu’au début de la mutation, mais j’ai déjà perdu ma première couche.

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Magali Caille

J’ai toujours su que j’écrirais un jour car c’est une de mes passions. J’ai commencé ma vie active avec un apprentissage dans l’hôtellerie et j’ai obtenu mon Cap de serveuse. Je fais encore quelques extras, mais ce qui ne passionne vraiment, ce sont les relations humaines et la psychologie. Mais j’aime aussi beaucoup dessiner et la peinture. Je défends avec ferveur le droit des femmes dans le monde et la place que les femmes devraient occuper.

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Commentaires

Le dimanche, 23 juillet 2017, 7h20 à 7h20, Pascal a dit :


Cela fait du bien de lire cela....Je suis juste sur le chemin et me félicite de chaque action faite pour moi même. ..
Merci


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Le dimanche, 23 juillet 2017, 9h38 à 9h38, Le Blanc valy a dit :


Merci pour ce partage de vie bien utile mais tellement dur à appliquer. ...


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Le dimanche, 23 juillet 2017, 12h38 à 12h38, Amirat a dit :


Excellent, à partager absolument


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Le dimanche, 23 juillet 2017, 17h50 à 17h50, Edma a dit :


Une bouffée d'oxygène. Merci


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Le dimanche, 23 juillet 2017, 18h17 à 18h17, kremer a dit :


magnifique , j'adhère à 100 pour 100 , mais pas évidant à appliquer .


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Le dimanche, 23 juillet 2017, 19h53 à 19h53, Naw a dit :


Bravo Véronica pour ce texte. Un égoïste réfléchi doit irrémédiablement devenir un humaniste éclairé! Faire le bien de manière consciente et chois, est une satisfaction en soit.


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Le samedi, 9 septembre 2017, 10h38 à 10h38, Agnès a dit :


et oui! rien de pire que de se sentir étouffée et seule parmi des gens appelés amis! Isolée depuis 4 ans je revis! méditations, choix, silence espace vitale, apprendre à se connaître est un bain de jouvence! on s'emplie! se colore de nouvelles teintes harmonieuses et les plaintes ne font plus parties de ce monde! peu à peu, l'envie de partager réellement s'installe, et on fit les choses avec joie! bonne continuation! chapeau bas. Agnès.


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Le jeudi, 21 septembre 2017, 20h04 à 20h04, Béatrice GUESPEREAU a dit :


Ma chère Julie, je n'aime pas beaucoup les commentaires "place publique" sur facebook, mais ce texte mériterait une vraie et belle discussion avec toi : très bien écrit, un peu provocateur, il appelle à conquérir une vraie liberté,
qui n'est pas "faire ce dont j'ai envie selon la lubie du moment", mais plutôt se donner un but, et prendre les moyens. Je ne suis pas sûre que l'on peut suivre ce plan de façon rigoureuse et déterminée, vu les nombreux imprévus que chacun trouve sur sa route. Il y a aussi des bons imprévus qu'il faut savoir accueillir, et mettre à profit.
Bref, je n'aime pas trop la notion d'"égoïsme" qui laisse penser qu'on se forge tout seul.
J'aimerais mieux parler de tout celà en direct avec toi !
Avec mon amitié


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Le mercredi, 18 octobre 2017, 12h46 à 12h46, Soudabeh Nosrati a dit :


J'ai commencé à appliquer ce principe il y a quelque temps déjà, cela a été salutaire.
Question de survie.
Quand on s'asphyxie qu'on s'étouffe il faut savoir dire STOP !!
Et tant pis pour ceux qui ne comprennent pas ou critiquent ils finiront par disparaître.
Marginal ? Égoïste ? Non juste humaine.


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Le mardi, 27 août 2019, 19h57 à 19h57, Sen a dit :


deux amis ?.......

Moi je n'ai pas d'amis c'est moi choix
Tellement de méchants sur cette terre je préfère rester seule que mal accompagner


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Le lundi, 4 décembre 2017, 20h19 à 20h19, Nicole a dit :


Bonjour, je suis en plein dedans et me posais beaucoup de questions. J'en ai parlé à un ami, pour qui le chemin est bien avancé déjà, et il m'a rassuré. Votre article m'a touché au fond du cœur. Ma route, ma transformation continue.. je suis dans le trouble depuis 48 heures, vos écrits arrivent comme un message de l'univers pour me conforter. Un grand merci... très belle journée à vous, où que vous soyez....


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Le mardi, 13 février 2018, 15h07 à 15h07, bettaieb a dit :


profondément exprimé, merci pour le partage non égoïste


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Le mercredi, 14 février 2018, 0h55 à 0h55, Angélique a dit :


Merci mais combien de temps à tu mis pour y parvenir?
C'est mon rêve de devenir égoïste, mais j'ai tellement été formaté pour ne pas l'être.... L'horreur... Tu peux nous en dire plus sur le travail à faire sur soi?


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Le mercredi, 21 mars 2018, 12h07 à 12h07, Rich-Herbert ALEXIS a dit :


Vous êtes en réalité pas égoïste, je suppose qu'il arrivera un temps que tu n'auras même pas à faire comprendre au gens que leur égocentrisme leur sera utile.

Merci.


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Le lundi, 18 juin 2018, 23h58 à 23h58, Blanca a dit :


Enfin je vais commencer à vivre


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Le jeudi, 17 janvier 2019, 9h26 à 9h26, Hanquiez Annie a dit :


Très beau texte merci !


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Le samedi, 30 mars 2019, 18h41 à 18h41, Chedia Dey a dit :


Article lu avec grand acharnement, et une attention inlassable! J'ai enfin compris ce que tuviens d'expliquer il n'y a pas longtemps, et commencé même à l'appliquer -non pas volontairement, mais par le hasard des faits - il y a maintenant deux semaines : Pas de "fichus" réseaux sociaux ni de déplacements ennuyants, nullement de rencontres "obligées" non voulues mais devant avoir lieu sous l'emprise de la nécessité, la paix total avec les préparatifs de ma thèse : Mes livres forcément. Je passe mon temps dans l'ordre souhaité, pas de bruit, joliment passé dans l'avidité des lectures et des analyses. Etre égoïste veut dire qu'on a arrêté tous phénomènes ne faisant que nous torturer. Etre égoïste au XXIème siècle acquiert un autre sens que celui préétabli et connu publiquement. Si on ne se sauve pas, personne ne viendra le faire à notre place. Ceci dit : Trouvez-vous la paix qui vous convienne.


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Le lundi, 10 juin 2019, 19h49 à 19h49, Ruelle a dit :


Après une grave maladie à laquelle je m'en suis pas trop mal sortie, je ne vois plus la vie comme avant. Je ne veut plus de ma vie d'avant. Mais je ne sais pas par où commencer. Jai envie de faire des choses qui me transforment mais je ne sais pas comment faire. Avez vous quel tuyaux a me donner pour faire le premier pas?


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Le mardi, 27 août 2019, 10h41 à 10h41, Marie a dit :


c'est totalement ça l'égoisme c'est nul a vomir des gens comme ça c'est mieux de pas les conaitre ça fait trop mal aux personnes de coeur et d'empathie on en a rien a faire des personnes égoiste c'est un grand défaut de facilité et d'indifférence allez vous faire foutre ingrats


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