Psychologie et comment mieux gérer ses relations

Les autres ne sont pas responsables de votre santé mentale : pourquoi la série « 13 reasons why » est une grosse connerie

Par Antoine Delacour , le lundi, 17 avril 2017, 10h31 , mis à jour le vendredi, 2 octobre 2020, 13h46
responsables de votre santé mentale
Image crédit : shutterstock

« 13 reasons why » la série de Netflix adaptée du roman éponyme (2009) de l’écrivain américain Jay Asher.

Traduit en français sous le titre Treize raisons, a connu un grand succès dès son lancement, le 31 mars.

La série manipule une pensée que nous avons tous eue à un moment ou un autre, le pouvoir d’avoir le dernier mot. C’est le suicide comme fantasme de vengeance, un moyen de faire arrêter quelqu’un et de considérer la façon dont ils vous ont fait du mal et de ressentir à quel point ils ont eu tort.


Lorsque vous vous sentez impuissant, le fantasme semble être le seul moyen pour parler assez fort pour que les gens écoutent. Mais c’est un fantasme pour une raison, la vraie vie ne fonctionne pas de cette façon. La dépression ne fonctionne pas de cette façon.

Si vous n’avez pas encore vu la série en streaming sur Netflix, la série suit un groupe d’élèves du secondaire qui connaissaient Hannah Baker, une camarade qui s’est récemment suicidée. Avant sa mort, Hannah a laissé une série de cassettes détaillant les gens dans sa vie et comment leurs actions envers elle l’ont amenée à devenir suicidaire et à s’ôter la vie. Elle confie les cassettes pour qu’ils les écoutent afin de comprendre la gravité de leurs actes.

ALERTE SPOILER: le film se termine avec l’un des étudiants, Clay Jensen, se rendant compte qu’il aurait dû davantage tendre la main à Hannah, que peut – être son amour aurait pu la sauver. Puis il tend la main à un autre élève qui connaît de profondes difficultés.


Je suis désolé, mais c’est une grosse connerie.

Lorsque la douleur mentale d’Hannah est devenue insupportable, c’était parce qu’elle avait dû survivre à une série d’événements émotionnels traumatisants, oui, mais plus important encore, c’était à cause de sa santé mentale – une bataille qui se déroule principalement dans le privé. 

La réponse à la douleur mentale n’est pas qu’un gars vous aime et vous montre que vous êtes digne. La réponse est de savoir comment survivre à ces événements et de rester digne quand vous le faites. Les autres personnes ne peuvent pas vous sauver, et vous ne devriez pas le vouloir.


Nous savons que la plus grosse bataille d’Hannah était la maladie mentale parce que nous comprenons l’ampleur et la finalité de vous ôter votre propre vie. Nous apprenons à connaître Hannah dans la série et nous savons qu’elle n’est pas colérique au point de prendre une décision permanente afin de manipuler la culpabilité des personnes. 

Elle est présentée comme plus réfléchie et multidimensionnelle que cela. Si les événements traumatisants dont elle a été victime étaient la pointe de l’iceberg, on ne nous a jamais montré ce qu’il y avait dessous.

Et c’est là que l’histoire s’effondre. Le genre de dépression grave, qui mène au suicide n’est pas causé par les actions de quelqu’un. Personne d’autre ne vous provoque cet état mental interne, même si leurs actions brutales rendent la dépression de plus en plus difficile à gérer. Vous êtes toujours responsable.


Si Netflix voulait faire un spectacle sur le suicide, ils auraient dû travaillé avec l’auteur du livre Jay Asher , ainsi que les personnes qui travaillent dans la santé mentale. 


Il est fréquent d’avoir des conseillers techniques impliqués dans le processus d’écriture lorsque vous ne savez pas de quoi vous parlez (comme un écrivain sans expérience médicale décrivant les chirurgies complexes dans les scènes pour Grey ‘s Anatomy ) et cet élément fait cruellement défaut ici. Cela éviterait que les gens qui ont connu la dépression se disent « ces gens ne savent pas du tout de quoi ils parlent. »

Notez cet article

Antoine Delacour

Comme de nombreuses personnes, cela fait des années que j’essaie de limiter mon empreinte carbone en triant mes déchets, en empruntant le plus possible les transports en commun et en limitant au maximum le plastique. C’est un bon début, mais je pense que tout ceci n’est pas suffisant car nous ne réglerons pas le problème en nous contentant de faire cela.

Voir les publications de l'auteur

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera révisé par les administrateurs si besoin.